Par manque de combattants, le forum Street-photo & Cie a fermé ses portes le 24 Juin 2015.
Il restera en ligne quelques temps pour que le talent de ses participants et notre amitié ne soient pas oubliés.
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Re: La photo numérique
"un peu comme le prolongement de la vue"
Certes. On est d'accord c'est la vue le truc. L'idéal est d'avoir un appareil qui se fait oublier, qui n'interfère pas - voire qui t'offre une tolérance, une marge de manoeuvre.
Sur la pratique, je me rends compte que je suis de plus en plus parcimonieux au déclenchement et que je le serai bien plus en prenant de l'assurance. Mes retouches sont des recadrages (moi, trop loin) ou des corrections d'exposition (moi, mal anticipé ou l'appareil, manque de dynamique). Je n'ai pas de position de principe contre la retouche et je ne pense pas qu'on puisse opposer numérique et argentique sur ce point, (ni même en général) vu ce qu'on faisait en chambre noire. (Ce qui suit et précède étant exprimé en toute humilité).
En plus, il faut se replacer dans le contexte : on est sur un site de photo de rue. Notre matière première est en face de notre objectif …
Ton lien est amusant. Encore que. La version retouchée me déplaît - au contraire de l'autre qui me surprend. La retouche est peut être supérieure en tant qu'image et dans le cadre d'un cahier des charges spécifique mais elle ne retient plus grand chose de son sujet … c'est un choix. Esthétique et éthique. Y'a des metadata philosophiques, quoi …  (Accessoirement c'est partial car l'éclairage n'épargne rien à cette pauvre femme).
Je digresse :
Il y a (eu) un débat en littérature sur l'usage du traitement de texte et antérieurement du magnétophone. Certains auteurs estiment que cela nuit au style, que ça le rend trop prolixe, trop bavard. Mon point de vue (un peu plus assuré qu'en photo) c'est qu'un auteur qui a affirmé son style finira vraisemblablement par corriger, à l'écriture ou à la ré-écriture. (Ça peut être considéré comme une perte de temps du reste.) Je ne suis pas certain que la machine à écrire ou le traitement de texte aient eu un impact déterminant, libératoire, sur la littérature du XXème siecle et je suis sûr qu'il n'en a eu aucun si l'on considère tout ce qui dans cette période a eu un impact sur notre perception du monde.
A ta question, une question : qu'est-ce qui change dans la vision du monde d'un photographe quand il passe de l'argentique au numérique et réciproquement ?
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Re: La photo numérique
Je vais (essayer d') être laconique, (une fois n'est pas coutume). (C'est un échec).
" Une nouvelle invention, un nouvel appareil, c'est toujours l'occasion d'un nouveau regard, d'une nouvelle vision du monde, d'une nouvelle pratique... on peut donc aussi contester l'idée d'imiter un rendu d'argentique avec un numérique. "
Je n'ai peut être pas digéré le post-modernisme, mais j'aurais tendance à ne pas trop souscrire à la première phrase. Au premier niveau car je pense que le regard est dans le photographe, pas dans l'appareil - je t'accorde que c'est un peu moins binaire que ça mais bon comme dirait C', je fais l'âne … Au second niveau, car cette inversion induit une notion de nouveauté qui me semble bien idéologique. La nouveauté du regard se substitue à son individualité. Or ce qui rend un regard neuf il me semble ce n'est pas sa nouveauté au sens consumériste du terme mais sa singularité*. On fait une photo avec soi plus qu'avec un appareil je pense.
Sur le rendu argentique ou même seulement le noir et blanc … je me pose souvent cette question. Plus que cela je me surprends parfois à chercher un contenu "de l'époque de la photo argentique". A faire mon cinéma quoi.
…
Je m'aperçois en te lisant que je fais une distinction spontanée entre photo et image. Je n'ai rien contre les secondes, j'ai beaucoup joué avec Photoshop autrefois et l'envie me titille parfois à nouveau, mais (toujours dans ma tête) ce sont des disciplines différentes. Une question de rapport quantitatif mais surtout qualitatif entre ce qui est entré dans la boîte et ce qu'on en fait. L'adhérence de la photo numérique à son ancêtre argentique n'est peu être pas que de la nostalgie ou de la facilité mais serait aussi une réminiscence avisée … pas materiau mais sujet.
D'où photo humaniste ?
D'où idéologie.
En fait je suis un vieux con : je crois encore au sujet(s).
* : (A ce titre je rapprocherais tes photos en grande surface de tes photos en galerie … Je suis entouré de gens qui consomment de la culture.
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Re: La photo numérique
J'ai corrigé le titre du topic, Christophe, excuse-moi... Il s'agit donc plutôt ici de tenter de discuter de ce qui distingue la photographie numérique (pas forcément par rapport à l'argentique d'ailleurs..)
Il y a un parti pris esthétique très fort chez Doug Rickard. Pas de pdc (et pour cause), un travail très poussé sur la couleur, les surfaces (ça rappelle un peu Edward Hopper d'ailleurs) c'est très pictural en effet. Mais un parti pris esthétique, c'est ce que pratique n'importe quel faiseur d'image non ? La griffe Boubat est très différente de celle d'un H C B...
Mais sinon, je suis assez d'accord : un traitement qu'on voit est un traitement raté.
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Re: La photo numérique
Le traitement par lot, il peut y avoir deux usages. Une série, bien sur, pour laquelle on veut un rendu particulier et cohérent, et des corrections par défaut pour rattraper ses habitudes ou défauts de son APN.
Par exemple, régler les accentuations, le contraste local, corriger une sous expo systématique qu'on applique pour éviter le crâmage, etc... Aussi, à l'évidence, passer en noir et blanc....
En ce qui me concerne, je n'aime pas trop les traitements qu'on voit. C'est comme un masque esthétisant qui attire l'attention sur l'auteur plutôt que sur le sujet... assez antinomique avec la "street", non ?
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Re: La photo numérique
Bon, je poursuis sur ma reflexion sur l'esthétique du "numérique"
Une nouvelle invention, un nouvel appareil, c'est toujours l'occasion d'un nouveau regard, d'une nouvelle vision du monde, d'une nouvelle pratique... on peut donc aussi contester l'idée d'imiter un rendu d'argentique avec un numérique.
L'image numérique n’est plus une empreinte du modèle mais un double, un simulacre de celui-ci, à partir de quoi se construit une réalité virtuelle dont la plasticité est sans limite puisqu’elle n’est pas contrainte par l’épreuve du réel : citation, métissage, hybridation des formes, des techniques et des médias : nouveaux rapports à l’image donc.
Mis à part ceux que j'ai cité plus haut, Loretta Lux par exemple, ( http://www.lorettalux.de/), qui fait partie indéniablement de la "génération Photoshop" (mais loin des images spéctaculaires), par un travail ténu (transforme a minima la blancheur de la peau de ses jeunes modèles en exagérant quelque peu la dimension de leur tête et propose une vision evanescente et maladive, une réelle gravité pour des êtres présentés comme désaffectés, c'est-à-dire dépourvus de toute affection comme de toute affectation, étranges... et cite directement les portraits d'un Piero Della Francesca d'ailleurs), il y en a un qui illustre bien mieux ce dont je cause en parlant de "fluides" : Doug Rickard.
Doug Rickard m'a profondément marqué : http://www.americansuburb.com/. Son travail consiste à photographier directement des images sur l'écran de son ordinateur en surfant sur Google Street View. On peut en rire... mais il s'agit d'un travail d'enquête assez poussé et de déambulation urbaine : il s'agit donc aussi, pour moi, de " street photography", mais, comme s'il renversait cette pratique, aussi d'une anti-street-photography. Enfin c'est passionnant.
C'est dans ces espaces fluides, élastiques, en abîme, fait d'une multiplicité d'écrans et d'êtres par procuration, dans un monde à la fois de plus en plus schizophrénique et lointain, inaccessible, insaisissable, que travaille Doug Rickard. Un déplacement contraint par un autre déplacement (par les google cars).
Bon, il travaille ce thème en expert de la photo : ses tirages sont magnifiques, et il a un des meilleurs blog consacré à cet art. Mis à part le fait qu'il interroge aussi la notion "d'emprunts", de "droits d'auteur", etc... , c'est sa façon d'utiliser l'appareil numérique qui m'interesse : il y a une intimité inouïe entre la pauvreté photographique de ses images et cette Amérique misérable.
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La photo numérique
J'ouvre un topic un peu technique (et esthétique) sur le traitement des images numériques en réponse à Thierry ( https://www.street-photo.fr/forum/topic … p=32#p5658).
Ca peut être aussi l'occasion de donner des trucs (notamment le traitement par lot pour cadrer, contraster ou réduire la taille des images)
Qu'apportent pour toi ces traitements? Ça me fait penser aux photos coloriées d'autrefois. Donc si je regarde une seule de tes photos ça passe plutôt bien. Mais en série, avec des traitements différents (et qui me semblent interchangeables) je trouve un manque de cohérence.
Je suis entièrement d'accord avec Thierry. On peut d'ailleurs faire le parallèle entre le Pictorialisme ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Pictorialisme) de la fin du XIXème siècle et la photographie numérique (ou parfois argentique) des années 2000 (Loretta LUX, Joseph Nechvatal, Keith Cottingham, Tran Ba-Vang, Lawick & Müller, voire Pierre Gonnord même s'il n'y a pas de "retouche" à proprement parler, etc. ) non ?
Il y a toutefois une esthétique "street" (celle de l'instantanné, avec ses connotations, son histoire et ses acteurs mythiques), et j'essaye (modestement) de proposer autre chose. Mais c'est vrai que je n'ai pas encore trouvé ma voie (voix ?) dans cet exercice (la photo de rue), encore nouveau pour moi.
Ajouter des dialogues par exemple, comme dans un film pour l'une, et un gros point noir pour une autre... mais mis à part ces 2 là, pour les images dont tu parles, j'ai simplement corrigé contrastes et balance des blancs (et recadré 3)... Je considère par ailleurs la photographie numérique comme un médium fluide. J'opère comme avec de l'aquarelle, en lavis, à la manière d'un liquide déversé sur la réalité mouvante qui s'insinuerait dans ses plis (c'est beau hein ?)
(edit : je change la question centrale : en fait, la technique du traitement lui-même, on s'en fout, et il y a des tas de sites consacrés à ça, mais ça n'empêche pas d'en causer si on veut)
|  | Fluides |
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Modifié par: phorme (Mardi 07-Fev-12 à 08h.05)
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