Street photo et Cie. Site et forum sur la photo de rue.

chipiron écrivait:

Puisque tu reviens beaucoup à Rickard, (je ne ris pas de sa pratique mais)  j'émets une grosse réserve lorsque tu parles "d'enquête approfondie".

En tous cas il décrit son travail comme tel. Peu importe, qu'on le croit ou non, c'est quand même une façon intéressante de pratiquer la "street" non ?

Ce que je trouve passionnant, c'est pas Rickard en particulier, c'est une façon de s'approprier un matériel pour en faire une nouvelle démarche, quel qu'il soit et quelle qu'elle soit...

Fab écrivait:

Certains mordus se mettent au collodion humide. On est bien loin de l'amusement de fin de soirée...

Collodion humide, numérique fluide ou pinceaux à clous, peu importe, c'est une démarche qui fait l'oeuvre, pas une technique, et on est tous d'accord ! "faire de belles photos" n'importe qui peut le faire.

"Une photographie a des bords, le monde n'en a pas" & "On ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière". (C'est bien plus qu'un cliché).

Puisqu'on parle de photographie, qu'est ce qui rend cette pratique singulière ?

Quel est notre objectif dans cette pratique ?

Est-ce que distinguer image et photographie est dépourvu de sens, bateau, ballot ?

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Puisque tu reviens beaucoup à Rickard, (je ne ris pas de sa pratique mais)  j'émets une grosse réserve lorsque tu parles "d'enquête approfondie".

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Il n'en reste pas moins que je m'incline quand tu dis "tout cela est passionnant" … L'enthousiasme est une vertu bien rare.

C'est rassurant de voir que nous sommes plusieurs à partager les mêmes ressentis. Sur le sujet, sur le matériel. La chimie apportait un masque, une texture, qui donnait aux photos (noir et blanc) une valeur "photographique" reconnaissable, et onirique.
Et, dans le même temps, concentrait l'oeil sur le sujet...

Le numérique, lui est à la fois d'une banalité crasse, et offre une plage d'intervention tellement large qu'il est difficile de trouver une "écriture", un "cadre" de rendu.
Il se satisfait plus des couleurs claquantes, des piqués extrêmes, des sujets esthétisants graphiquement, que de la vie des gens...
Bref, il ne leur 'vole leur âme' que très difficilement.

Pas sûr que Google soit mon ami, je suis tombé sur des photos numériques au rendu chromo... Avec un petit côté Norman Rockwell urbain désespéré pas inintéressant.  Les bricolages qui me laissent en arrêt sur image actuellement, c'est Cédric Delsaux avec sa série Star Wars urbaine, rigolote, très geek mais virtuose, et le boulot de l'ancien photographe de guerre Patrick Chauvel, bien plus dérangeant avec ses chars et ses scènes de guerre en plein Paris... Montages hyperréalistes troublants ou rendus chromatiques élaborés, territoires connus... L'important, c'est à mon avis le sujet. Qui doit faire oublier la technique.

Du temps de l'argentique, on choisissait surtout un grain. Un Tri-X ou un HP5 dans le boîtier, un peu de chance et une bonne maîtrise de son matériel, un petit tour dans la chambre avec la chimie qui fait des taches, et miracle ou pas miracle. Si on parle de photo de rue, pas la peine de citer ici tous les noms des maîtres du genre. Mais je suis retombé ces derniers temps sur un bouquin consacré à Weegee, et je suis resté encore une fois sur le carreau. Ce type était un charognard, avec l'oeil rapace et pointu. Et avec une casserole Speed Graphic toute pourrie, il a réalisé les photos les plus emblématiques de l'American way of life urbaine du siècle dernier. Tout y est. Les codes du film noir (les malfrats assassinés), la solitude des grandes villes ( Clochards, travestis, marchands ambulants, gamins livrés à eux-mêmes), le Pop-art (Accidents de voitures, graphisme chirurgical cher à Warhol et JG Ballard)... Brut de décoffrage, du légendaire. (Audiard, sors de ce corps...)
Et nous voilà au numérique. Obligés de faire du fichier RAW pour être pris au sérieux. Et pourquoi   se prendre au sérieux ? Mon boîtier perso ne donne pas une différence énorme entre le Jpeg et le Raw, et une balance de blanc, même en Jpeg, ça se bricole... Sans Photoshop Lightroom et tous les autres logiciels hors de prix qui font sérieux. Le traitement en série ? Génial dans le principe, mais comme chaque photo est unique, corriger une petite distorsion d'objectif ou un renforcement de netteté au cas par cas est souvent bien plus satisfaisant. Recadrer ? Avec les viseurs d'Apn  de gamme moyenne, pas  de 100%, il faut donc une bonne habitude ( ou passer en live-view, beurk !)  pour appréhender le résultat. Mon truc à moi, c'est pas de recadrage. Ça passe ou ça casse. Non, non, je ne me prend pas pour Cartier-Bresson, mais un Leica, ça ne donne pas non plus c' qu'on voit (Un petit peu moins...Si mes souvenirs sont bons !) Un traitement de simulation N&B (le rendu N&B par défaut des boîtiers est vraiment tarte...), emballez, c'est pesé.
Et après, c'est de l'art graphique. Et vlan. C'est sympa, c'est créatif, les possibilités sont infinies. Mais pour moi, ce n'est plus de la photo. Et voilà, ca y est, je suis un vieux con. Horrible hiver...