Par manque de combattants, le forum Street-photo & Cie a fermé ses portes le 24 Juin 2015.
Il restera en ligne quelques temps pour que le talent de ses participants et notre amitié ne soient pas oubliés.
Six années d'une aventure merveilleuse ont pris fin dans la tristesse des membres les plus fidèles.
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Re: Les enfants au musée
Navré de te contredire, mais je reconnais formellement ma fille Maia et mon neuveu Minus (ma soeur voulait l'appeler Junior c'est mon beauf qui trouvait qu'un nom "en latin" faisait plus hupper-class). C'était bien au Palais de Tokyo, (là tu as bon,) à l'occasion du vernissage de l'exposition Végéta-Ritaline(c) du collectif germano-californien Aperitive Clockwork Manifesto.
Les mômes avaient foutu un souk inoubliable & ca avait failli tourner vinaigre : la petite s'était mise à vagir dans le cornet du "Telephonoir à la Duchamp"; Minus, derrière, essayait de semer le préposé aux caffe-latte express on wheel à qui il avait volé ses rollers. Le gamin vire-voltait, le loufiat suppliait, la môme cognait le combiné contre le tadelakt monochrome... Le photographe a déclenché et on est tous passé à ça de l'incident.
Finalement ils ont décidé de garder les mioches pour quelques représentations (dans un esprit Freaks informel). Ca nous a fait de l'argent de poche.
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personnagrata
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Macadam cowgirl
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Re: Les enfants au musée
Dois-je vous dire merci d’avoir retrouvé mes gosses et d’avoir publié leur signalement dans ce forum ?
Comme si mes enfants étaient à la rue !…
Pas mécontente, j’avais, enfin, réussi à les semer dans l’immaculée conception du Palais de Tokyo. Au cœur de l’expo Van Dongen où mes petits fauves, en compagnie du grand, devaient trouver une sorte de père.
Avec cette image, vous en avez fait des petits Poucet qui tirent une larme à tous alors que je les ai abandonnés pour cause de burn-out, au milieu des mondaines et demi-mondaines de ce cher Kees, cool, non ?
On vient de me les ramener, le petit a une grosse bosse et l’œil bleu et jaune (du pur fauvisme) après sa descente sur la rampe que vous avez sans doute provoquée pour une photo à la Doisneau.
La grande a téléphoné aux pompiers que je dois dédommager de leur déplacement inutile. Les pompiers, on le sait, ne sont qu’ à Orsay.
Depuis leur nuit passée au musée, les fauves en herbe sont fous de peinture. Ils viennent de faire une razzia chez Dubois, rue Soufflot. Plus ruineux que les fournitures scolaires.
Quand je pense que des inconscients demandent des cours d’histoire de l’art dès le primaire, ça me rend fauve à mon tour…
Au fait, après-demain je les emmène voir Manet.
Après « Le châle espagnol », ils vont se pâmer devant « Olympia »…
Pour leur santé morale, je me réjouis que Courbet ne soit pas programmé.
Je serais obligée de les lâcher devant « L’origine du monde »
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Re: Les enfants au musée
chipiron écrivait:Désolé pour l'inhumation de post
Que nenni, et au contraire même !
La prose colle superbement à l'image... merci à tous les deux, simplement... merci.
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"Je ne veux pas gagner ma vie, je l'ai" (B. Vian)
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Re: Les enfants au musée
"(C'est chiant, une toile dans un musée, c'est comme un plat dans une vitrine, ça n'a pas de sens, ça n'est pas à sa place)."
Là j'ai vu un plat. Avec un grand poisson, sans tête ni queue. Tout bouilli. Sans arrêtes. On a juste envie de passer.
Désolé pour l'inhumation de post. C'est la faute à la photo. A vos commentaires. A cette image incongrue que vous m'avez semée dans le céphalo-vapeur.
Et sans blague : quelle claque cette photo !
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Re: Les enfants au musée
Alors je me lève ce matin et j'ai l'impression que quelqu'un me tape sur la tête et me dit "Allö??? Ya quelqu'un...???!!" Et moi je me fais un café, je clique, je me brule, je me ressers, le vise l'écran et je découvre une dédicace personnelle.
Alors, je me lève, je me sers un café, je dis "arrêtez de crier, j'arrive pas à lire".
Je veux dire merci mais on me tape sur la tête avec une tasse à café.
Et je me sers un café et je me dis que les photographes sont des déambulateurs (ambulare, se promener en latin). Ils sont des promeneurs un peu enfants égarés dans un vaste et blanc musée. Ils cherchent tous les moyens pour s'amuser, sortir du musée, s'a-musée (amuser, de sa racine celte mus, se promener, flâner le museau en l’air). Ils s'amusent, ils cherchent un peu de jeu dans les rouages bien huilés du ballet quotidien.
Et le téléphone sonne, je dis "Allô?" sans que je sache pourquoi ce mot bizarre- d'où vient-il? Il signifie à la fois "Je suis là. J'écoute. Qui êtes-vous?" (Laissez-moi mettre une image sur ce numéro)
La photo c'est un peu cette pratique paradoxale, une sorte de "allô...?". Je mets mon œil dans un viseur et je dis: "Je suis là. Je regarde. Qu'avez-vous à me dire...?"
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Les enfants au musée
|  | Allô...? |
Nous sommes dans un musée. On ne le sait pas, mais on le sent. À l'ennui de ces murs blancs, aux volumes et aux courbes architecturales dessinées avec trop d'intentions pour être habitables. Et tout ce blanc est aussi beau et ennuyeux qu'une après midi de pluie passée à arpenter une de ces églises de l'art. Ah, oui, nous sommes dans un musée, le poste téléphonique indique un lieu public, l'architecte se serait pendu s'il avait su qu'on allait coller cet abominable objet dans la pureté de son œuvre.
Bien sur on a vu au premier instant la petite fille au téléphone, parce que c'est le seul poids de cette image. Mais immédiatement, le petit garçon a bougé et a fait détourner les yeux. On s'est dit qu'on y reviendrait et on a glissé sur la rampe, une soudaine envie de descendre, de trouver de l'air loin des toilettes, de s'éloigner de ces enfants pour ne pas les inquiéter ?
Mais il n'y a rien d'autre à voir, l'histoire est en haut. Il y a ces enfants échappés, qui jouent, indifférent à cette foule d'en bas et cette grande salle qu'on imagine. Il y a de l'écho, des voix en murmures.
Elle, la petite fille ? Elle joue à parler au téléphone, il joue à courir dans tous les coins. Ils sont frères et sœurs, ils sont chacun dans leur monde, très loin l'un de l'autre, dans deux espaces différents et la foule n'existe plus. D'ailleurs, elle n'est pas dans la photo.
On est un peu inquiet pour eux, où est leur mère, que fait-elle ? Elle est en pâmoison devant une toile à laquelle elle n'entend rien (C'est chiant, une toile dans un musée, c'est comme un plat dans une vitrine, ça n'a pas de sens, ça n'est pas à sa place).
L'histoire est horizontale, la photo est verticale. La photo est posée comme un lego. Il y a dans les attitudes des enfants quelque chose de naif, familier, hors du temps. Il y a dans tout ce blanc quelque chose hors du temps. Un instant, cette photo m'a renvoyé un parfum d'enfance oublié, quelque chose de luxueux, d'intime, dans tout ce blanc qui ne l'est pas. Une petite histoire toute simple, un instant gracieux d'évasion. J'aime l'élégance diagonale de cette image toboggan.
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C'est curieux, chez les photographes, ce besoin de se faire des films ! http://www.esperado.fr
Modifié par: christophe (Samedi 20-Nov-10 à 06h.15)
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