Bon, sérieux, cette histoire de comparer le numérique et l'argentique en photo n'a pas plus de sens que de comparer analogique et numérique en matière de son. La pelloche a une dynamique que tu ne trouveras jamais en numérique. Au moins deux ou trois diafs en plus. La pelloche a du grain, mais c'est un grain aléatoire, une sorte de texture sur laquelle s'appuie le rendu, comme le souffle de la bande magnétique servait de socle au son. Il permet de conserver ces nuances dans les noirs, là ou le numérique fait des aplats. Il ajoute de l'information là ou le numérique en perd. Il n'est pas l'ennemi, c'est un allié. Il faut jouer avec, pas lutter pour l'éliminer. La technique très particulière que j'utilisais consistait justement à n'avoir aucun gris dans mes photos, mais une plus ou moins grande densité de grains totalement noirs et nets pour le rendu des valeurs intermédiaires (au microscope).
Le problème que tu as est un manque de contraste aux endroits où il en faudrait, trop de détails dans les gris moyens, trop de densité. Et le traitement, qui visiblement a cassé les grains, ce qui donne un rendu un peu "brouillon".
Le développement est trivial, un chrono, une cuve, un thermomètre et trois produits: révélateur, bain d'arrêt, fixateur. Tu fais des essais au début avec différents révélateurs et types de traitement (jouer sur le temps et la température) et quand tu as trouvé le process qui te convient, tu as gagné for ever.
Entrer la pelloche dans la cuve est très simple, le système de Paterson avec ses billes est tout simplement génial. Un sac opaque est un moyen plus sur qu'une couette. C'est pas cher.
Bref, ne cherche pas le rendu du numérique dans tes clichés, plonge-toi dans le feeling qu'ils dégagent et pousse le "défaut" un peu "mou" jusqu'à ce qu'il soit partie intégrante et nette de tes clichés.
Mais passe à la Tri X avant tout, et tu verras que tu te mettras à le chercher, le grain. (Je poussais mes pelloches à 800 pour en avoir plus, au contraire). Justement c'est cette absence de sharpitude exagérée qui fait tout le charme de l'argentique, cette transition parfaite entre le net (souple et naturel) et le flou. Proche de ce que donne l'oeil (jamais je ne me suis extasié devant le piqué de mon oeil gauche.